Livres Hebdo a jeté un nouveau pavé dans la mare en montrant que ces négociations sont la mise en application logique du rapport n° 2008-M-065-02 de l'Inspection Générale des Finances

Au chapitre 3, ce rapport pose un premier point assez surprenant la BnF est entrée dans une logique de numérisation « productiviste », qui la conduit à procéder à une sélection avant tout négative fondée sur la simple élimination des ouvrages impropres à la numérisation de masse, selon des critères essentiellement physiques et non en fonction de choix raisonnés de valorisation patrimoniale. Il est premièrement surprenant que des inspecteurs des finances jugent du caractère patrimonial des ouvrages numérisés. Cela dit on comprend en filigrane de cette phrase alambiquée que les rédacteurs reprochent à la BNF de ne pas numériser en priorité les ouvrages fragiles.

Puis toujours au même chapitre de surcroit, cette politique conduit la BnF à négliger la numérisation des collections de presse (malgré un plan spécifique, qui n’aura couvert que 2 % des collections de presse de la bibliothèque sur sept ans d’ici 2012) et de l’audiovisuel, supports pourtant éminemment fragiles et dont la consultation en ligne correspond à une attente forte du public Là on peut vraiment voir que c'est le petit bout de la lorgnette qui est utilisé. C'est bien plus l'INA qui numérise les documents audiovisuels que la BNF. D'autre part sur les attentes fortes du public, aucun document n'est cité pour étayer cette l'affirmation alors qu'il en existe, nous les avons commentés ici

Enfin encore au même chapitre le rapport apporte une réflexion de bon sens il apparaît nécessaire de renforcer la logique de sélection qualitative, en ciblant davantage la numérisation sur les pièces les plus précieuses et distinctives de la BnF (ouvrages de la réserve, collections spécialisées), ainsi que sur les collections les plus demandées et/ou les supports les plus menacés, en particulier l’audiovisuel et la presse. mais qui me semblait déjà être mise en œuvre dans les numérisations actuelles.

Au delà des polémiques sur la BNF, ce n'est pas la première fois que ce blog rebondit sur des rapports officiels, en 2007 déjà sur un rapport du ministère des finances sur l'économie de l'immatériel, en 2008 sur un rapport du ministère de la culture sur la réutilisation des données culturelles, en 2008 toujours sur un rapport parlementaire de la mission sur la lutte contre les violations de sépultures ou encore début 2009 sur le Livre vert de la commission européenne sur le Droit d'Auteur dans l'économie de la connaissance. Toutes ces réflexions seraient sans doute plus efficaces si elles se passaient juste après la publication de ces rapports et non plusieurs mois après, voire même après que le débat soit clos. Il serait utile que ces rapports soient pistés par un organisme de veille au sein de la Fédération Française de Généalogie. C'était d'ailleurs l'une des propositions ressortant de l'enquête sur l'avenir de la généalogie que nous avions relayé l'an dernier.