Dans les termes de marine du XVIIe siècle : la "caïenne" était un réchaud sur lequel se faisait la cuisine pendant les voyages en bateau. Lorsqu’après plusieurs mois de mer, le capitaine trouvait un havre accueillant où il décidait de séjourner, son premier souci était de faire « débarquer la caïenne ». Grâce à la chasse et à la pêche, l’équipage pouvait alors améliorer son menu. Dans l’argot des marins, "caïenne" a bientôt signifié un lieu où l’on pouvait se reposer des rigueurs de la mer. Par extension, les dépôts de vivre dans les ports se sont appelés "caïennes", puis "cayennes". Brest et Rochefort ont eu leurs "cayennes".

Au XVIIIe, une distinction se fait entre la "cayenne de mer" et la "cayenne de terre". La première était un vieux bateau transformé en caserne flottante servant de dépôt de marins ou de soldats dans les ports alors que la seconde était un bâtiment souvent près du port servant de caserne pour ce même dépôt. Les "cayennes" sont gérées comme de véritables petites casernes. On trouve au recensement de 1788 de l’Île-de-France, la mention du sieur Jean-Zacharie Blanc, 47 ans, né à Marseille, inspecteur de la "cayenne de mer", arrivé à Port-Louis en 1782, ou le décès la même année à l'hôpital de Port-Louis d'un coq (François Guetz) et d'un charpentier (Pierre Dugas) de cette même "cayenne de mer".

Les Archives Mauriciennes comptent également dans leurs fonds, le registre des marins et autres personnes employées au bancassal, à la "cayenne de mer" et ailleurs entre 1782 et 1784. Au passage remarquons que le "bancassal" est le logement des Lascars du port, autrement dit des marins et soldats venant du sous-continent indien, de l'Asie du sud-est et des pays arabes.

Au XIXe le mot "cayenne" change encore de sens pour devenir une prison, soit sous forme d'un vieux bateau servant de prison flottante soit comme à la Réunion où c'est le nom de la maison d'arrêt de Saint-Pierre.

Enfin au XXe siècle les associations de compagnonnage, généralisent l'usage du mot "cayenne". Ce qui désignait le siège des associations de charpentiers devient le mot générique pour le lieu de réunion d'une association de compagnonnage.