Cette année trois articles nous parlant des difficultés des associations en général vont nourrir cette réflexion. Le premier sur Le Monde nous rappelle que la crise sanitaire a accentué la baisse du nombre de personnes qui donnent de leur temps aux structures caritatives, culturelles et sportives, et leur rajeunissement. Le second sur Linkedin nous parle d'une masterclass de Viviane Tchernonog, chercheuse au CNRS donnée auprès d'HelloAsso qui rappelle que 50% des associations qui se créent ne passent pas le cap de la première année, 2/3 cessent d'exister dans les 3 ans et évoque pour celles qui continuent la difficulté aussi de renouveler l'équipe dirigeante. Le dernier sur Les Echos par Léa Thomassin (la présidente de HelloAsso) qui nous prévient la réforme de la retraite va modifier l'arrivée de bénévoles dans les associations qui arriveront plus âgés et plus usés.
Ces trois articles reposent en creux autour de la notion de bénévolat, c'est à dire du temps, de l'énergie, des compétences que le bénévole peut mobiliser pour une ou des associations. Ces trois éléments temps, énergie et compétences peuvent s'épuiser. Le vieillissement des bénévoles ainsi que leur âge à l'arrivée dans l'association sont des paramètres qui s'avèrent cruciaux quant à leur capacité à s'occuper des différents sujets. La maîtrise des outils d'administration d'un site internet, la programmation php ont peu de chose à voir avec la paléographie et la capacité à se déplacer aux archives. D'ailleurs nous cherchons en permanence de nouveaux bénévoles pour renforcer nos équipes dans tous ces domaines.
Comme souligné par la chercheuse du CNRS, le travail dans l'équipe dirigeante est différent de celui des autres bénévoles et conduit à d'autres lassitudes. De plus l'intégration dans une équipe dirigeante ne fonctionne que si une certaine communauté de vues existe avec les membres en place sur l'avenir de l'association. Certaines associations vont se scinder ou précipiter la création d'une association concurrente par l'expression de leur stratégie qui mécontentera certains ou l'égo de leurs dirigeants qui rentrent en conflit, mais heureusement ce ne sont pas les seuls points que traitent l'équipe dirigeante. Cette dernière s'attache à donner de la visibilité à l'association, à coordonner les bénévoles, à améliorer le fonctionnement et ou les services, elle propose aussi de nouvelles activités.
Et vous qu'attendez vous d'une association ? Pourquoi y prenez-vous part (ou pas) ?
***Addendum du 04/03/23, ***
Sud-Ouest nous informe que pour Pascal Dreyer, vice-président de Recherches & Solidarités « l’attente hédoniste des jeunes retraités du baby-boom se concilie mal avec l’engagement associatif. Les jeunes s’organisent aussi eux-mêmes hors des associations. Ils s’engagent en proximité avec une vision très immédiate de l’action, pour des résultats concrets et pour être ensemble. »
*** fin d'addendum ***
2 réactions
1 De Fabrice - 01/03/2023, 19:58
Bonjour,
J'aimerais faire part de mon expérience de bénévole au sein d'une association généalogique. Cela fait plus de vingt ans que je fais de la généalogie. A l'époque, les archives n'étaient pas encore en ligne. Pour avancer dans ses recherches, il fallait se rendre sur place. C'est que j'ai fait pendant de nombreuses années, traversant la France, pour photographier des actes notariés que je mettais plusieurs mois à dépouiller.
Lors de ces visites, j'ai rencontré aux archives départementales les membres de l'association qui effectuaient des relevés. J'y ai fait notamment la connaissance d'un généalogiste qui a abattu un énorme travail de dépouillement, notamment de CM car à lui seul, il avait quasiment relevé le tiers du département. Cette personne est malheureusement décédée l'année dernière.
Nous avions les mêmes objectifs et avons travaillé longtemps de concert. Lorsque l'informaticien qui gérait le site a laissé sa place, j'ai complétement redéveloppé en 2010 le site en améliorant les possibilités de recherche.
J'ai été bénévole pendant plus de 12 ans mais la lassitude s'est progressivement installée. L'association compte actuellement plus de 900 membres et le nombre de personnes désirant réellement s'investir demeure très faible.
Le peu de bénévoles fait que le travail est relativement important pour les quelques personnes restantes et cela refroidit les éventuelles bonnes volontés.
A cela s'ajoute qu'en quelques années, les technologies WEB ont fortement évolué (le PHP n'est plus le seul langage pour faire un site WEB) et que beaucoup d'associations manquent de personnes réellement compétentes sur le sujet pour mettre en valeur leurs travaux généalogiques.
Les archives en ligne avaient déjà mis à mal les associations en diffusant les images des actes. Mais l'arrivée d'acteurs privés disposant de moyens beaucoup plus importants et d'une assise géographique beaucoup plus large les concurrence encore plus largement. Face à cela, les associations disposent de bien peu de moyens pour faire connaitre et diffuser leurs différents travaux généalogiques. D'une part, les services d'archives proposent des indexations directement sur le site, d'autre part, les acteurs privés intègrent de plus en plus de dépouillements exhaustifs avec des fonctionnalités de recherche beaucoup plus avancées. Les dépouillements étaient jusqu'alors l'apanage des associations de généalogie
On l'a constaté avec le site CousinGenWeb qui, il y a quelques années, mettait en relation les généalogistes étudiant les mêmes patronymes sur les mêmes communes d'un département. Les fonctions de recherche de Généanet l'ont largement supplanté. Alors que les sites CGW étaient très actifs, ils sont maintenant pour la plupart à l'abandon.
Le problème est réel pour les associations qui se retrouvent confrontées maintenant à des acteurs disposant de beaucoup plus de moyens
Certains services d'archives mettent en commun des ressources pour par exemple gérer un seul site web (cas des Deux-Sèvres et de la Vienne). L'avenir des associations pourrait passer par une mise en commun des ressources.
Encore faut-il que les mentalités évoluent, que les responsables associatifs arrivent à sortir des prés carrés de leurs département et commencent à prendre conscience de la mutation complète du secteur généalogique...
Les associations ont aussi un rôle de formation et une connaissance plus fine du terrain. C'est aussi une piste à explorer
2 De Pepe - 06/03/2023, 18:05
Merci pour cette note intéressante.
Voir aussi ce débat sur France Culture: La réforme des retraites fragilise-t-elle le bénévolat ? https://www.radiofrance.fr/francecu...