Nous vous avons prévenus en début de semaine, Filae a changé la donne recopiant sous une même bannière toutes les archives de l'état-civil du 19e numérisées (sauf Gard, du Gers, du Jura et des Hautes-Pyrénées) et en les indexant. Alors uberisation ?

  • la relation directe entre les clients finaux et les images numérisées : elle existait déjà mais du fait de la décentralisation départementale, les présentations des services d'archives étaient différents, et sous différentes interfaces web...
  • l'offre : il y a clairement un changement d'offre par rapport aux AD, puisque l'indexation est jointe. Ce qui n'est pas précisé c'est la qualité d'indexation...
  • les nouvelles technologies : un peu d'openstreetmap mais rien de vraiment révolutionnaire à mon gout
  • le nouvel entrant : Filae était un des anciens acteurs (ex genealogie.com et ex Archimaine), donc il ne s'agit pas d'un nouvel entrant
  • la ringardisation des anciens : pas vraiment, les grosses entreprises de la généalogie sont 4 depuis assez longtemps : Geneanet, Filae pour les données et Heredis, Geneatique pour les logiciels, les autres acteurs sont plus petits. A ce jour aucun des 3 autres "gros" anciens ne semble KO ni n'être ringard.
  • l'approche disruptive et ergonomique : pas vraiment non plus, ils sont les premiers à réutiliser massivement les données publiques et à les monétiser (alors qu'elles restent libres sur les sites originaux)

Stéphane Cosson, Sophie Boudarel, Isabelle Louradour tous trois généalogistes professionnels reconnus et Thomas Robert, jeune généalogiste amateur, sur leurs blogs respectifs abordent également le sujet. Qu'en retirer ?

  • Pour Stéphane Cosson, c'est une nouvelle forme de concurrence qui va nécessiter de l'adaptation et qui nécessite de s'interroger sur la pertinence du positionnement {du généalogiste professionnel} dans la chaîne économique de la généalogie.
  • Pour Sophie Boudarel, elle s'inquiète qu'un certain nombre de généalogistes amateurs relancent le même Filae est le diable vs Geneanet est l'ange. A juste titre elle rappelle que ce sont deux sociétés commerciales, qui ont des stratégies, qui les mettent en action, avec plus ou moins de succès.
  • Pour Isabelle Louradour, c'est la longue hégémonie des associations sur l'indexation qui prend un coup.
  • Pour Thomas Robert, le risque est que les archives ne laissent plus un accès gratuit aux images d'origine

Ma modeste analyse :

  • les généalogistes professionnels ne sont pas directement menacés pour l'instant, l'état civil du 19e n'étant pas très compliqué à lire, voire cela leur fait a peu de frais un moyen de trouver pour leurs clients, leurs ancêtres baladeurs ....
  • si les BMS rejoignent l'état-civil du 19e, ça va compliquer leur marché et risque de procéder à une concentration de leur marché où seuls les meilleurs survivront...
  • je suis d'accord avec Sophie Boudarel pour dire que Filae et Geneanet ne sont pas des anges (ni des diables), ce sont deux entreprises qui utilisent l'économie collaborative (dépôt de généalogies personnelles, indexation ...) pour vivre.
  • comme l'explique Isabelle Louradour c'est bien parce que les associations ont perdu leur âme (but non lucratif et fondamentaux du bénévolat : les volontaires bienveillants qui font quelque chose gratuitement et sans obligation) qu'elles ont perdu du terrain, où ont pu prospérer les entreprises. Elle rejoint les conclusions que nous avions donné ici même sur l'avenir de la généalogie (épisodes 1, 2, 3, 4, 5 & 6)
  • enfin je souhaite donner une mention spéciale à Thomas Robert, qui a le premier mené l'analyse pour les amateurs, on a d'ailleurs pas encore entendu les associations sur le sujet (hormis le visionnaire article de novembre 2015 de Jean-François Pellan alors président de la FFG). Pour moi aussi le risque est réel que les départements analysent cette réutilisation massive comme une manière de monétiser les données financées par les impôts et décident qu'il convient donc qu'ils monétisent également ces données.