Côté musical parlons un instant de "Joyeux Anniversaire", chanson que vous avez surement chanté en famille à un moment quelconque. Son histoire commence en 1893 où Patty et Mildred Hill inventent la chanson "Good Morning to You", chanson facile à retenir et chanter par les enfants. La chanson remporte un franc succès auprès des gamins, et devient vite populaire dans les écoles du Kentucky. En 1901, les paroles « Happy Birthday to You » sont ajoutées comme version alternative. La chanson gagne alors encore en popularité. Etape suivante en en 1935 :un copyright est déposé par la société Summy Clayton, qui a publié les partitions de « ’Good morning to You ». Puis en 1988, la société Birch Tree Music Production, qui détient les droits, est rachetée par Warner pour une somme estimée à 25 millions de dollars. En 1990, une loi américaine étend encore la durée du copyright : si le copyright est valide, il durera jusqu’en 2030 (plus de 140 ans après la création de la chanson). En Europe où l'extension de droits de copyright n'a pas été voté, ce copyright devrait expirer le 31 décembre 2016. Pourquoi cette précision "si le copyright est valide" ? Et bien parce qu'un procès est en cours depuis 2013, comme nous l'explique Rue89. Les contradicteurs de Warner font valoir qu'une partition publiée en 1922 fait apparaitre la mention "publié avec la permission de Clayon F. Summy Co." et donc que selon la loi sur le droit d’auteur en vigueur à cette date, cette publication, sans copyright, annule tout copyright ultérieur sur la chanson. De leur côté les avocats de Warner ont répondu que la publication de 1922 pourrait bien être une copie pirate (où vont-ils chercher ça ?)

Dans cette histoire d'abus de copyright une chanson publiée il y a plus d'un siècle ne sera dans le domaine public que l'an prochain en Europe et en 2030 aux USA à moins que l'issue du procès n'en décide autrement. En attendant Warner/Chappell demande des droits d’auteur "pour toute utilisation au cinéma, à la télévision, à la radio, dans tout espace ouvert au public, et pour n’importe quel groupe dont une partie importante ne se compose pas de famille ou d’amis ou de musiciens". Cette vision maximaliste du droit d’auteur rapporte à Warner/Chappell Music environ deux millions de dollars par an.

Côté jeux vidéos, l'histoire est plus récente. Comme l'a souligné en 2013 dans une question écrite au gouvernement le député Alain Rodet (PS) : " De façon progressive, les principaux éditeurs de jeu vidéo ont mis en place un système d'activation en ligne de leurs logiciels, qui nécessite de l'acheteur la création d'un compte sur internet, via une plate-forme spécialisée. À l'issue de cet enregistrement, le logiciel est lié de façon irrévocable au compte de l'utilisateur ce qui interdit en pratique - mais sans que cela ne soit clairement explicité - sa cession ultérieure... ...À titre de comparaison, si une telle règle était appliquée au secteur automobile, il serait désormais impossible au propriétaire d’un véhicule d’en modifier le certificat d’immatriculation en vue de sa revente". Le ministère de la Culture a répondu comme nous l'indique Le Monde que "Après plusieurs années de mise en œuvre, force est de constater que ces mesures ont effectivement permis de changer les habitudes des consommateurs et de faire baisser considérablement le niveau de piratage des jeux vidéo... ... L’ensemble du secteur du jeu vidéo, et en particulier la création française vidéo-ludique, trouve là une protection indispensable". En réponse le député de la Loire Jean-Louis Gagnaire (Les Républicains) a indiqué le 14 aout 2015 qu'il allait reposer une question écrite au gouvernement.

On est encore une fois dans un abus de copyright, comme le souligne Nextimpact : la législation européenne autorise la revente de licences logicielles d'occasion. à partir du moment où l'on acquiert un logiciel et sa licence, son vendeur perd certains droits, dont celui de s'opposer à la revente de la licence et ce peu importe le support choisi pour le logiciel, physique ou dématérialisé. Ainsi, en verrouillant les licences sur leurs plateformes, l'industrie du jeu vidéo empêche purement et simplement ses clients de faire valoir leur droit le plus strict.