En effet le Fonds Anne Frank, fondé en 1963 à Bâle par Otto Frank, le père d'Anne, et qui détient les droits patrimoniaux de l’œuvre a publié un communiqué selon lequel les droits d'exploitation du Journal couraient au minimum jusqu'en 2030 (et ce alors qu'Anne Frank est, rappelons-le, décédée en 1945 à Bergen-Belsen, les droits auraient donc dû s'arrêter au 1er janvier 2016). Le texte publié en hollandais en 1947 est une version censurée par Otto Frank (qui en enlève des passages sentimentaux ou personnels) et la version intégrale n'a été publiée en 1980. Le Fonds Anne Frank considère cette version comme une nouvelle œuvre qui bénéficie du régime des œuvres posthumes, ce qui la protégerait jusqu'en 2030. D'autre part le Fonds souligne que la version de 1947 serait une œuvre composite, dont Otto Rank serait le coauteur, ce qui en repousse les droits jusqu'en 2051, 70 ans après la mort d'Otto !

On aurait pu s'attendre à ce qu'une fondation dont le but de mémoire est évident se réjouisse que ce texte puisse être diffusé de manière encore plus large mais il n'en est rien. C'est l'aspect business qui l'emporte. Et comme le souligne Calimaq (lui aussi régulièrement cité sur ce blog : 1, 2, 3) "La fondation qui gère les droits d’auteur et celle qui s’occupe de la fameuse Maison d’Anne Frank transformée en musée, se sont battues comme des chiffonniers pendant plus de 15 ans pour contrôler une marque de commerce déposée sur « Le Journal d’Anne Franck ». Il aura fallu l’intervention de la justice pour mettre fin à ces querelles indignes, en rappelant qu’une telle marque purement descriptive est invalide. C’est dire à quel point ces « ayants droit » se préoccupent d’honorer la mémoire d’Anne Frank…"

Olivier Ertzcheid comme Calimaq diffusent donc illégalement les versions 1947 et 1980 en libre accès sur leur site afin de rendre au domaine public ce qui devrait lui appartenir. C'est l'occasion également d'apprendre que seules les versions néerlandaises sont sous copyright jusqu'à ces dates, pour les versions en français il faut beaucoup plus de temps, le traducteur étant crédité lui aussi de "droits d'auteur". Si on se rappelle l'expression italienne "traduttore, traditore" (le traducteur est un traitre), comment se fait-il que lui aussi perçoive une rente pour une œuvre qu'il n'a pas écrite ! Où est l'originalité de l’œuvre ?

En conclusion, je vous livre un lien vers un sondage sur Archimag pour ou contre le fait que le Journal d'Anne Frank passe dans le domaine public en 2016.