La fédération a organisé une table ronde virtuelle sur sur sujet le 12 décembre dernier, dont Laurent Monpouet a fait un résumé ici (si vous voulez vous éviter les 2h06 de la vidéo).

  • Ont été invités à cette table ronde (en dehors des représentants de la fédé), deux généalogistes professionnels, deux représentants d'entreprises de généalogie, un journaliste, un historien, et deux administrateurs québécois de groupes de généalogie ADN... bref une brochette de personnes compétentes mais allant toutes dans le même sens, aucune voix dissonante pour rappeler les nombreux problèmes que lève cette technologie.
  • Les intervenants ont regretté que peu de résultats de tests soient disponibles pour la France, rendant par la même les interprétation plus approximatives, ce qui est l'aveu même d'un système de raisonnement circulaire....
  • Il a fallu attendre quasiment une heure avant qu'un rappel de l'illégalité de ces tests en France soit fait, aussitôt qualifié d'hypocrite car aucune condamnation n'a été prononcée et que le terme récréatif dénigre le niveau technique et le sérieux de ces tests (sic).... L'analogie de raisonnement avec le cannabis m'a tout à coup saisi : "ceux qui n'ont pas essayé ne peuvent pas comprendre (sic)", "perte pour les entreprises françaises", "c'est illégal mais pas ou peu poursuivi", "il y a un intérêt thérapeutique pour quelques uns", "ça n'est pas que récréatif".... autant de non-arguments qui semblent utilisés similairement par leurs contempteurs pour légaliser ces deux pratiques fort différentes. Il y a de quoi être sidéré du peu de cas que les blogueurs et maintenant la fédé font de l'article 23 de la loi du 29 juillet 1881 sur la provocation aux crimes et délits par voie de presse...
  • certains aspects très discutables déjà évoqués ici (comme l'utilisation de ces bases de données ADN par la police) sont présentés de manière positive alors qu'elles obligent la délation de ses proches....

D'ailleurs à ce propos, la société Gedmatch vient de lancer le service Gedmatch Pro destiné au forces de police.

  • Gedmatch est un service à la base similaire à celui de Geneanet, c'est à dire qu'il ne réalise pas le test ADN mais permet à ceux qui ont réalisé un test chez l'un des vendeurs du marché d'uploader leurs résultats pour obtenir des comparaisons avec les autres membres. Il y a environ 1.4 millions d'utilisateurs.
  • Gedmatch créé en 2017 dans un but purement généalogique a été acheté en 2019 par Verogen une autre entreprise qui intervenait elle dans les technologies ADN en support aux investigations criminelles. Verogen ne se cache d'ailleurs pas d'être une entreprise d'identification des êtres humains.
  • Pour l'instant le fait que ses données soient visibles des forces de police dépend d'une action d'opt-in de l'utilisateur de Gedmatch. Gedmatch Pro est donc un portail dédié accédant à la même base de données mais uniquement à une partie des données.... il n'y a pas d'étanchéité entre deux bases différentes, les hackers apprécieront .
  • Sauf pour les européens protégés par RGPD, l'ADN des personnes décédées passe dans le domaine public (et donc visible des forces de police). On se demande comment ils savent la nationalité de leurs utilisateurs....
  • Natalie Ram, une professeure de droit de l'université du Maryland, se désole de voir que cette possibilité de comparer l'ADN de suspects à une base généalogique qui était logistiquement limitée aux cas des "cold cases" risque de devenir la norme dans toutes les enquêtes de par la facilité engendrée pour les forces de police par le portail Gedmatch Pro

On voit que les américains s'engagent un peu plus sur la voie de l'eugénisme en prédisant par l'analyse ADN des enfants, lesquels seront performants en classe ou en sport, pour autant que cela ait un sens en calculant des scores polygéniques, ce qu'ils voient comme un "outil scientifique (sic)" pour lutter contre les préjugés racistes.

  • Pourtant il est clair que ces scores ne sont en rien des prévisions absolues du futur d'une personne.
  • Ces scores ne sont corrélés pourtant qu'au niveau de 6 à 11 % avec les différences de diplôme, soit dans les mêmes niveaux que les différences de revenus du foyer (7%) ou le niveau d'éducation de la mère (15%). Pour autant la relation de causalité n'est absolument pas prouvé. Ces scientifiques confondraient-ils causalité et corrélation ?
  • le risque est pourtant de créer un nouveau racisme, avec la stigmatisation de personnes porteuses de certains gènes.
  • Bienvenue à Gattaca s'approche.