Le concept de l'otium s'inspire d'une pratique héritée de la Grèce antique, la skholè. L'otium est un "loisir studieux", qui peut se traduire par une quête de sens et de beauté. L'otium est propice à la curiosité, l'éveil, l'envie d'apprendre, de connaître, de comprendre, d'embrasser le monde... Pour comprendre ce qu'est l'otium il faut nous pencher sur son contraire le négoce negotium qui vient de nec otium, c'est-à-dire la négation du loisir. Nous sommes donc en dehors de toute injonction d'efficacité que nous impose le marché et nous atteignons une liberté et d'une créativité intemporelle. À l'époque des Romains, l'otium était notamment perçu comme un puissant moyen d'échapper à la marchandisation du monde. Converties en temps de cerveau disponible, la rêverie, l'étude, la contemplation gratuites n'ont plus guère de place dans un univers entièrement marchandisé. La montée des valeurs du marché (utilité, performance, rapidité, rentabilité) correspond bien au déclin des valeurs de l'otium (lenteur, désintéressement, quête de sens). Le constat sémantique est que plus on a de négoce, moins on a d'otium. Nous vous encourageons donc à rester sur des projets de généalogie libre, oubliez les modèles freemium et commerciaux, participez à des associations qui valorisent les valeurs de l'otium !

Otium et negotium ont ceci en commun que ces deux activités se déploient avec des supports de mémoire. Dans le negotium on trace les échanges, on quantifie et on calcule les échanges. Dans l’otium, cette notion de calcul et de quantification disparaît pour laisser place à des supports de mémoire plus centrés sur l'humain, on note les propos ou les argumentation que l’on a entendus, les citations, les correspondances. Si vous ne faites que des relevés de lieux ou de dates, vous prenez la généalogie pour un negotium alors que si vous vous intéressez à la vie de vos ancêtres, vous la traitez comme un otium. Dans l’otium il y a une discipline : c’est celle du sportif qui s’entraîne régulièrement, celle du moine qui respecte la liturgie, celle de celui qui écrit quotidiennement ses pensées. Dans le negotium il y a des règles comptables à suivre.

La palette de l'otium est quasi infinie : recherches généalogiques sur les sites des archives, participation à une œuvre collective gratuite comme les projets FranceGenWeb, lecture d'un livre, apprentissage d'une langue, initiation au yoga, découverte des plaisirs du corps... Peu importe l'activité, pourvu que ce temps exclusivement consacré aux loisirs nourrissent les corps et cultivent nos esprits. Le plus important de ce loisir studieux étant de profiter du temps désintéressé qui s'offre à nous pour mieux comprendre le monde qui nous entoure et façonner notre liberté d'esprit. Une démarche qui s'inscrit au-delà de celle du développement personnel, mais qui traduit plutôt un engagement vis-à-vis de la société.

Alors pratiquez vous l'otium ?

Pour aller plus loin, lisez le livre : Otium - art, éducation, démocratie de l'historien Jean-Miguel Pire.