En particulier, nous allons revenir sur le rapport de l'Abbé Grégoire du 14 fructidor an II (31 aout 1794) sur les destructions opérées par le vandalisme et les moyens de le réprimer. Après la chute de la monarchie, une vague de damnatio memoriae (cancel culture pour les plus modernistes de nos contemporains) a frappé les éléments visibles (en particuliers statutaires) du patrimoine politique et religieux. En effet l'Assemblée législative adopte un décret le 14 août 1792, « considérant que les principes sacrés de la Liberté et de l'Égalité ne permettent point de laisser plus longtemps sous les yeux du peuple français les monuments élevés à l'orgueil, aux préjugés et à la tyrannie » et « que le bronze de ces monuments, converti en canons, servira utilement à la défense de la Patrie ». Le décret dispose que « Toutes les statues, bas-reliefs et autres monuments en bronze, élevés sur les places publiques, seront enlevés par les soins des représentants des communes qui veilleront à leur conservation provisoire. ». L'Abbé Grégoire rappelle que les objets nationaux, n’étant à personne, sont la propriété de tous et préconise de lutter contre l’ignorance destructrice grâce à l’instruction.

Notre société serait bien avisée de se remettre en mémoire ces écrits et de considérer que la solution est bien dans l'éducation (et en particulier à la nuance des personnages historiques) et non à une vision de relecture a postériori, suivant les critères moraux ou sociétaux du moment, d'une œuvre en la rendant manichéennement solidaire de son auteur.

Dans un second puis un troisième rapport du 8 brumaire et du 24 frimaire an III l'Abbé Grégoire défend la responsabilité individuelle et collective des agents nationaux et des administrateurs de districts des dégradations commises dans leurs arrondissements et demande un inventaire des monuments détruits et mutilés. Il créée dans son texte le mot "vandalisme" « pour tuer la chose ». Il conclut en disant « Les barbares et les esclaves détestent les sciences et détruisent les monuments des arts, les hommes libres les aiment et les conservent ». Comme nous le rappelle l'architecte du patrimoine, Camille A. H. Brêtas sur Linkedin « contrairement à la pratique de la Restauration au XIXème siècle, les vestiges des actes du vandalisme ou les impacts de guerre encore visibles sont aujourd’hui considérés comme faisant partie indissociable du monument ».

Dans ce cadre, les opérations publicitaires de vandalisme artistique par Dernière Rénovation au service de la cause écologistes en faveur de la transition énergétique ne sont qu'un énième avatar d'une pensée iconoclaste (au sens premier de briseur d'icône) qui ne comprend pas ce qu'est le patrimoine. Rappelons nous que ces fureurs traversent régulièrement les époques et causes. Le Journal des Arts rappelle l'histoire des futuristes italiens de 1909 qui voulaient débarrasser l’Italie des musées innombrables qui la couvrent d’innombrables cimetières, incendier les bibliothèques et inonder les caveaux des musées au nom de la place à faire à l'innovation.