Ancestry vient d'agiter la communauté généalogique de l'autre côté de l'atlantique ces derniers jours. En effet par une modification de ses "conditions d'utilisation" le 3 août dernier, Ancestry s'est arrogé un droit perpétuel et irrévocable sur tout ce que ses utilisateurs mettaient sur leur site (généalogies comme tests ADN). Aussitôt plusieurs blogueurs ont réagi comme ici Judy Russell blog The Legal Genealogist ou ici Roberta Estes, blog DNA Explained (les deux liens sont en anglais). La première appelait ses lecteurs à être extrêmement vigilants sur ce qu'ils mettaient sur la plateforme, la seconde appelait ses lecteurs à ne plus rien ajouter sur la plateforme. On peut s'étonner qu'aucun des deux n'ait appelé les généalogistes au retrait pur et simple de leurs données mais peut-être est-ce le manque apparent d'alternatives, que favorise la concentration en cours du marché entre les mains de quelques acteurs privés.

Devant le tollé, Ancestry semble avoir mis un peu d'eau dans son vin, expliquant que l'on peut retirer ses données mais pas celles qui ont été copiées (co-pillées parfois) par d'autres utilisateurs., Ancestry ne s'interdisant d'ailleurs pas d'avoir des comptes fantômes copiant toutes les données qu'ils trouvent intéressantes.... On peut se demander si la proximité de cette modification des "conditions d'utilisation" avec le rachat d'Ancestry il y a un an par un fond de pension assez décrié est juste une coïncidence.

En tous cas en terme de vie privée, cela montre que les plateformes cherchent à avoir des droits irrévocables. On peut rapprocher cette aventure de la plainte de Max Schrems contre Facebook pour violation du règlement européen de protection de la vie privée (RGPD). Avant l'entrée en vigueur du RGPD, Facebook affirmait que les utilisateurs "consentaient" au traitement de la publicité personnalisée. Facebook dans son argumentation envers les juges européens, dit maintenant que les clauses de consentement devaient être considérées comme un "contrat" dans lequel les utilisateurs "commandaient" une publicité personnalisée. Selon Facebook, ce contournement lui permet de dépouiller les utilisateurs de tous les droits liés au consentement en vertu du RGPD. Les exigences d'un consentement "librement donné" ou "éclairé" ne s'appliqueraient plus s'il est interprété comme un "contrat". En particulier il n'y a pas de retour arrière possible dans un contrat alors que le propre d'un consentement est qu'il puisse être donné ou retiré ou gré de la volonté de celui qui le donne.