Tout d'abord commençons avec les attaques sur les biens communs, qui sont légion depuis l'article de Garrett Hardin en 1968 (cf opus 5). La réalisatrice québecoise Carole Poliquin a fait dans son film documentaire "Le bien commun, l’assaut final" de 2002 le point de 6 attaques qui pèsent sur les biens communs :

  • la merchandisation des réserves d'eau potable (par exemple les lacs de Terre Neuve)
  • le brevetage des pharmacopées traditionnelles
  • le brevetage des semences
  • le brevetage de séquences de gènes
  • la limitation du nombre d'actes des organismes publics
  • l'entrée dans le droit international de possibilité pour les entreprises d'attaquer les états

Mais en y regardant de plus près, ces attaques sur les biens communs ont commencé largement avant comme le démontre Nadine Vivier dans le livre "Les biens communaux en France". De 1750 à 1870, de nombreuses attaques ont fait réduire le nombre de lieux gérés en bien communs pour les passer en pleine propriété. En 1846 les surface de communaux dépassaient 25% dans les Alpes de Haute-Provence, les Hautes-Alpes, le Doubs, les Landes, les Pyrénées Atlantiques, les Hautes Pyrénées et le Haut-Rhin.

Passons à la vie privée, dont le périmètre se réduit à l'ère numérique comme nous le montre Rick Falkvinge dans une série d'articles sur Framablog. Il liste un certain nombre de rétrécissement de périmètre que je vous invite à lire en détail.

  • la liberté de correspondance (anonymat de l'expéditeur à l'extérieur de la lettre, non pistage pendant le transport, non ouverture de la lettre, immunité du transporteur)
  • la perte de l'anonymat d'affichage
  • le tracking géographique de nos ordiphones (wifi, bluetooth, GNSS, triangulation des antennes relais)
  • la liberté de discussion et de réunion est désormais limitée par des valeurs venant du pays où est enregistré un réseau social
  • les outils d'enregistrement numériques permettent de nous surveiller rétroactivement
  • les recherches dans les bibliothèques ne sont plus anonymes
  • les conversations téléphoniques ne sont plus privées
  • la lecture d'un journal n'est plus anonyme (il est possible de savoir qui lit quoi pendant combien de temps et dans quel ordre)
  • les lanceurs d'alerte comme les journalistes ne sont plus aussi bien protégés
  • les transactions d'achat ne sont plus décentralisées, sécurisées et anonymes
  • les ordiphones sont utilisés pour nous tracker mais aussi conjointement pour nous faire acheter
  • les achats, ceux que nous réalisons comme ceux que nous ne faisons que potentialiser sont trackés
  • les préférences amoureuses sont une occasion de collecte à grande échelle à des fins de marketing
  • une censure se met en place et certains sujets sont interdits dans les conversations privées des réseaux sociaux
  • le prétexte de la lutte contre le terrorisme permet aux états de garder "chaque déplacement que vous ayez fait, chaque appel téléphonique que vous ayez donné et chaque message que vous ayez écrit"
  • les journaux intimes et courriers privés qui étaient sur-protégés dans le cadre d'une perquisition ne le sont plus
  • le droit à une conversation privée a fondu avec l'arrivée des "assistants personnels"
  • les caméras connectées sont désormais activables à distance sans notre consentement
  • les employeurs peuvent désormais lire vos conversations privées sur des canaux privés

Comme il le dit à de nombreuses reprises "Il n’est absolument pas déraisonnable d’exiger que nos enfants aient au moins autant de libertés fondamentales – droit à la vie privée — dans leur environnement numérique que celles dont nos parents ont bénéficié dans leur environnement analogique. Votre vie privée est votre propre responsabilité."