En 1709 arriva le "grand hiver" : les spectaculaires éruptions en décembre 1707 du mont Fuji au Japon, puis en du Vésuve en Italie, ont créé un voile de cendres dans la stratosphère masquant partiellement le soleil. Tout commence en France dans la nuit du dimanche 6 janvier 1709. Au bout de quelques jours, tout gèle. Le Rhône se traverse en charrette, le Vieux-Port de Marseille est pris dans les glaces. Ailleurs en Europe on peut aller à pied des côtes du Danemark à celles de la Suède, tous les canaux et lagunes de Venise sont pris par les glaces. Noyers, chênes, châtaigniers pourrissent de froid ou éclatent dans une symphonie lugubre. « Comme un coup de mousquet », relève Léonard Blanchier, maître chirurgien en Charente. Il y fait jusqu’à - 10 °C ans les maisons malgré le feu dans les cheminées. A Versailles, le vin gèle dans les carafes. « Les glaçons tombaient dans nos verres », note le duc de Saint-Simon.

Le 8 juin 1783, le Laki en Islande, endormi depuis des siècles, entre dans une terrible éruption. Pendant cinquante jours, la fissure de plus de 40 km vomit des torrents de lave à un débit moyen estimé à 2 200 mètres cubes par seconde, soit l'équivalent du débit du Rhin à son embouchure. En février 1784, les coulées de lave recouvrent au total une surface de 565 kilomètres carrés, pour un volume global, gigantesque, estimé à 12,3 kilomètres cubes. Cette lave se répand ainsi sur 370 km², comme si la région parisienne se retrouvait sous 30 m de lave en 50 jours !... C'est le plus grand épanchement lavique, de tous les temps historiques sur terre !... Les effets les plus pernicieux proviennent des gaz (soufre, chlore, fluor) libérés dans l’atmosphère. En deux jours, le volcan libère une quantité de gaz équivalente à une année d’activité de l’industrie européenne, provoquant ainsi une pollution de l’air, des cours d’eau, des pâturages, etc. Pour les Islandais le bilan sanitaire est très lourd puisque 24% de la population périt de la famine. À cela s’ajoutent les lourdes pertes parmi les troupeaux : environ 50% des bovins, 50% des chevaux et 80% du cheptel ovin disparaissent. Dans le même temps au Japon, le volcan Asama, entre en éruption du 9 mai au 5 août 1783. Sa violence est cataclysmique. Les projections de produits atteignent la stratosphère, à une altitude estimée entre 17 et 50 km provoquant de graves famines sur place. Le site de l'université de Caen, nous montre la progression du brouillard sec en France ainsi que la surmortalité de l'été 1783.

Relativisons donc notre période de froidure...