Cependant d'après les journaux régionaux en anglais (Al-Monitor) et (Hurriyet Daily News) deux tendances se distinguent parmi les utilisateurs.
La première est celle de personnes se cherchant une origine dans l'un des pays européens (Bulgarie, Grèce, Roumanie, Macédoine et Bosnie-Herzégovine. Le but de ces chercheurs semble être d'acquérir une deuxième nationalité. On est dans un phénomène proche de ce qui s'est passé en Argentine durant la crise économique de 1998-2002 où de nombreuses personnes ont cherché à obtenir une double nationalité Italienne, Espagnole, Française ou Suisse due à leur ascendance pour tenter d'échapper légalement à la crise en tentant une émigration en sens inverse de leurs ancêtres.
La seconde, portée par un sentiment nationaliste fort semble être de vérifier la "pureté" de leurs origines et entraine des commentaires nauséabonds sur les réseaux sociaux, où l'on voit surgir des mots comme "crypto-arméniens, crypto-grecs ou crypto-juifs". La généalogie devient alors un outil de division sociale et politique. Le journaliste Tayfun Atay du quotidien Cumhuriyet relate :"j'ai été averti de manière amicale de ne pas admettre que j'ai des origines géorgiennes, ce qui est la forme de pression la plus légère, qu'en est-il de ceux qui ont des origines arméniennes ou qui ont un ancêtre converti ? Imaginez celui qui se croit de sang purement turc et qui se retrouve totalement arménien, imaginez les répercutions".
Cette tendance à utiliser la généalogie comme une arme de division nous rappelle deux éléments plus proches géographiquement. Tout d'abord en Espagne et au Portugal entre la fin du XVe et le XIXe siècle avait court la notion de pureté du sang ( limpieza de sangre en espagnol ou limpeza de sangue en portugais), cette notion qui renvoyait à la qualité de vieux chrétien, dénué de toute ascendance juive ou maure, par opposition aux nouveaux chrétiens, juifs ou musulmans convertis, servait de critère discriminatoire socialement. Rappelons nous de ce passage de don Quichotte où Sancho Panza dit "« Je suis des vieux-chrétiens, et pour devenir comte c'est assez. – C'est même trop dit don Quichotte ». L'autre nous renvoie encore plus récemment aux certificats d'aryanité qui avaient cours sous le régime nazi. Deux certificats existaient : le petit qui vérifiait l'aryanité jusqu'aux grands-parents, nécessaire pour pouvoir accéder aux emplois publics et le grand qui vérifiait tous les ancêtres jusqu’en 1800 voire 1750, nécessaire pour faire partie des SS.
Espérons que nos amis turcs ne se laisseront pas abuser par ces miroirs aux alouettes et ne plongeront pas dans des heures sombres. Le fait de se découvrir des origines beaucoup plus multi-culturelles qu'imaginé ne devrait nous encourager qu'à la tolérance. Cela devrait nous rappeler que toutes les divisions humaines (frontières, ethnies, religions...) n'ont jamais empêché des couples de s'aimer et pour les plus forts de dépasser les préjugés de leur société en vivant publiquement leur amour.
une réaction
1 De marie - 17/02/2019, 18:51
Point de vue tres interessant, je n'avais pas vu tout ça sous cet angle