Il y cite le politologie Olivier Ihl et le sociologue Maurice Halbwachs et résume leurs pensées ainsi "Commémorer c’est administrer le rapport au passé, reconstituer ce qui fut en partant de finalités présentes. L’objet est de consacrer une date, une figure voire une simple conduite, posé comme un héritage qui oblige." et pose les questions suivantes "Ne reconstruisons-nous pas notre passé en faisant de la généalogie ? Faire de la généalogie n’est-ce pas en lien avec nos croyances et nos attentes présentes ?"

Cela m'a évoqué que les différents sujets abordés sur ce blog qui ne se limite pas à une généalogie étriquée mais élargit son champ des possibles à d'autres domaines culturels (le droit d'auteur par exemple) ou mémoriels (la guerre 14/18 bien sûr mais également celle de l'indépendance américaine) pour ne prendre que quelques exemples. Ces domaines, je le pense, intéressent le généalogiste au delà de l'aspect immédiat d'une recherche généalogique limitée au noms, dates et lieux mais qui s'intéresse non seulement à la contextualisation de la vie de ses ancêtres ainsi qu'à la contextualisation de sa recherche actuelle (forcément différente de ce que pût être celle d'un ancêtre ayant lui-même réalisé un arbre, ou de celle que sera celle d'un de ses descendants se lançant dans la généalogie)

Cela m'a également renvoyé vers l'un de nos derniers articles où je posais la question suivante : "Pourquoi un odonyme est attribué ? S'agit-il d'encenser, de commémorer ou de se souvenir ? Les noms des rues sont-ils le reflet de l'histoire ?" ainsi que vers un article plus ancien qui vous parlait de l'idée de certains de ranger les monuments commémoratifs (sous le nom de Monuments à la Paix) dans des musées du souvenir départementaux. Ces deux articles finalement posent la même question, la place de ce que nous commémorons doit-elle être l'espace public (la rue) ou doit-elle être un espace restreint (un musée), explicatif et circonstancié ?

La naissance de mouvements qui conteste la place de la rue comme espace de commémoration n'est-elle pas la preuve d'une certaine distanciation de nos contemporains à l'histoire, à l'héritage qui oblige, pour reprendre les mots de Stéphane. Et nous savons tous que dans un héritage se trouve des choses que nous aimons comme d'autre que nous détestons. L'obligation qui en résulte n'est-elle pas de pointer les erreurs et non d'encenser naïvement ? La commémoration ne doit-elle pas être un habile équilibre entre les deux ? Une autre question me vient aussi à l'esprit à propos de ce sujet : puisqu'on veut déplacer des éléments de l'espace public vers les musées, quelle est la place du musée et de ses œuvres dans notre vie ? N'est-ce pas un lieu vers lequel certains veulent déplacer ce qui les choque afin de n'en réserver la vue qu'aux seuls amateurs ? Que penser d'une société qui mettrait toute son histoire au musée ou aux archives sous prétexte que c'est du passé ?

Bref, comme d'habitude je pose beaucoup de questions et c'est à vous de réagir dans les commentaires