Dans le commentaire à l'article de 2018, il était souligné que le député Paul Molac posait une proposition de loi sur les langues régionales ouvrant la possibilité d'un élargissement des lettres diacritiques possibles dans l'état civil des individus. En décembre 2020, lors de l'examen de la proposition de loi au sénat, le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer promet alors "un décret en conseil d’État" précisant "avant la fin du mois de janvier 2021, la liste des signes diacritiques régionaux" autorisés à l'état civil. La sénatrice Monique de Marco, rapporteuse de la proposition de loi avait alors réagi "Une telle liste m’a été transmise, mais elle portait la mention +non exhaustive+. Le ministère de la Culture dispose-t-il seulement d’une liste exhaustive?". Dans son rapport, Mme de Marco détaillait une liste de plusieurs signes fournis par l'administration: "il existe en tahitien le ā, ē, ī, ō, ū ; en catalan, créole et occitan le signe ò ; en alsacien et en corse, le signe ì."

Le professeur de socio-linguistique de l'Université de Rennes 2 Philippe Blanchet avait pourtant prévenu, "Le problème d'une liste fermée, c'est qu'ils peuvent parfaitement en avoir oublié. Ce qu'il faudrait, c'est qu'ils rendent possible l'utilisation des signes diacritiques de l'alphabet latin en général. Sinon on risque de se retrouver dans une situation de blocage sur un point qu'ils n'avaient pas prévu.". Interrogé sur l'avancée du dossier, le ministère de la Culture indique ne pas avoir de nouvelles de ce projet de décret "porté par la Chancellerie". Le ministère de la Justice n'a lui pas donné suite.

Début avril 2021, députés et sénateurs avaient adopté en deuxième lecture, et malgré les réticences du gouvernement et des députés LREM, le texte du député 247 voix pour, 76 votes contre et 19 abstentions. Contre le choix du Premier ministre et des groupes majoritaires, 61 députés de la majorité ont saisi le Conseil constitutionnel à titre individuel. Ce dernier vient de censurer ce vendredi 21 mai l’“enseignement immersif” de ces langues et l’utilisation de signes diacritiques dans les actes de l’état civil. Le député breton a réagi et déclaré “c’est assez incompréhensible: sur la carte d’identité, il va y avoir de l’anglais et c’est autorisé. C’est deux poids, deux mesures”. Il réclame donc un projet de loi constitutionnel pour modifier l'article 2 de la constitution.

L'avocat Donatien de Bailliencourt, évoque sur son blog le cas d'un autre enfant pour lequel la cour d’appel de Montpellier a, par un arrêt du 26 novembre 2001, estimé fondé le refus opposé par un officier d’état civil de retranscrire sur un acte de l’état civil le prénom « Martì » dans son orthographe résultant du catalan. On remarquera que cette lettre "ì", et son origine catalane, n'était pas mentionnée dans la liste de la sénatrice de Marco apportant un peu d'eau au moulin du professeur de socio-linguistique.

Bref les combats pour la prise en compte des lettres diacritiques ne sont pas terminés.

Sources :
Huffington Post France Soir