Commentaires: Maire du Gouray de 1852 à 1865.
En 1852, au sein d’un conseil municipal acquis aux idées de la République, un membre de la famille Le Mintier de la Motte-Basse est nommé aux fonctions de maire, ce qui, très rapidement, cause des tensions au sein du conseil , mais surtout des difficultés pour le maire à gérer la commune.
Le conseil municipal sera même dissout en mars 1853 et remplacé par un conseil provisoire nommé sur proposition du maire.
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*18/11/1852-lettre des conseillers municipaux au sous-préfet
les conseillers municpaux font connaitre au sous-préfet, que le maire n’a pas adressé de convocations à son conseil pour la proclamation de Napoléon III et écrivent: «... n’ayant reçu aucune convocation, nous venons Mr le sous-préfet , vous témoigner notre regret de n’avoir pu par notre présence rendre plus solennelle, la proclamation dans notre commune, de Napoléon III, empereur des français... »
suivi de quinze signatures
*30/12/1852-lettre de Le Mintier
(voir photocopie)
*31/12/1852-lettre du curé Blévin au sous-préfet de Loudéac
« ...je puis affirmer, en toute vérité, que dès que les Perret et consorts seront dans le conseil municipal, ils susciteront sans cesse les embarras, les entraves de toute manière; à moins que vous ne veuillez les nommer maire et adjoint et abandonner encore à leur pouvoir arbitraire, l’administration de la commune qu’ils ont tristement gérée;
Ce qui les révolte, c’est d’avoir perdu leur autorité...je crois donc qu’une révocation du conseil municipal est indispensable, étant en désaccord continel avec le maire et l’adjoint nommé par l’autorité supérieure...
...c’est dans une des considérations du Ministre des Cultes...j’obtins la révocation du Conseil de Fabrique que j’avais demandé pour les mêmes raisons
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*5/01/1853-lettre du sous-préfet au préfet
« ...la commune du Gouray se trouve travaillée par deux partis. Le parti rouge qui reconnait un Perret pour chef... dans la commune et dans le conseil municipal. Le parti légitimiste à la tête duquel est Mr Le Mintier de la Motte-Basse est moins nombreux et moins influent; mais cette infériorité se trouve compensée par la position actuelle du chef qui est maire de la commune...C’est au Gouray, que se trouve toutes les hautes influences du canton de Collinée... »
*7/01/1853-lettre du sous-préfet au préfet:
« ...(situation politique de la commune)
1) Mmrs Perret et Le Mintier sont des chefs politiques autour desquels se groupent les notabilités du canton. L’un représente la bourgeoisie du règne de Louis-Philippe, plus ou moins imbus des idées révolutionnaires. L’autre est l’expression de la légitimité;
2) Si les deux partis ont fait acte d’adhésion au gouvernement impérial, cette adhésion ne peut être tenue pour sincère et ne doit être acceptée que sous toutes réserves.
3) Je crois prudent de maintenir les deux partis en équilibre de manière à en dominer un par le concours de l’autre et de n’avoir pas à redouter les inconvénients de la prépondérance de l’un ou de l’autre.
4) Politiquement, il n’y a pas de motifs pour dissoudre actuellement le conseil municipal, qui, par ses écrits, témoigne de son dévouement pour le gouvernement impérial; au point de vue administratif, il n’en existe pas davantage, puisqu’aucun vote n’a révélé de sa part une opposition déraisonnable et systématique.
Pour terminer sur ce point, je dois dire que le maire Mr Le Mintier, homme honorable et loyal est entièrement à la discrétion de mr le curé, que celui-ci est fort entreprenant, qu’il ne souffre aucune résistance et qu’il convient pour ne pas trop s’engager, de n’accepter qu’avec circonspection ses propositions et ses idées.
Je vais maintenant m’expliquer sur l’instituteur et le percepteur.
1) Mr Monnier a d’excellentes notes comme instituteur...je dois dire que Mr le curé s’est plaint à moi des relations qui continuaient d’exister entre Mr Perret et l’instituteur.
2) En ce qui concerne le percepteur Mr Jan, je ne pense pas qu’on puisse, sous le rapport politique lui adresser de reproches? C’est un homme absolument nul, qui n’est percepteur que de nom, son gendre Mr Gruet étant de fait chargé de la comptabilité. Il n’est ni rouge, ni blanc.
DISSOLUTION DU CONSEIL MUNICIPAL
En février 1853, les conseillers municipaux de toutes les communes doivent prêter le nouveau serment au gouvernement de l’Empereur.
Le 24 et 25 Février, ceux du Gouray envoient individuellement au sous-préfet leur prestation de serment, en affirmant une fois encore ne pas avoir été convoqués par le maire.
Le sous préfet en avise le préfet, qui décide de dissoudre en mars le conseil municipal.
*14/03/1853-lettre du sous-préfet de Loudéac au préfet
« ...la loi n’a pas indiqué de forme spéciale pour la convocation des conseillers municipaux, qui me paraissent convenablement avertis lorsque le mode employé est tel qu’aucun ne puisse raisonnablement prétexter cause d’ignorance. Sur la demande du maire, le curé du Gouray a convoqué au prône de la messe paroissiale les conseillers municipaux à se réunir à la mairie, en indiquant le jour et l’heure de la réunion. Ce mode de convocation est fort usité dans les communes rurales, où toutes les communications administratives se font le dimanche, soit à l’extérieur, soit à l’intérieur de l’église. Il me parait pas possible d’admettre que ce qui se dit devant toute la population assemblée soit ignoré de la totalité des conseillers municipaux et cependant sur seize membres qui composent le conseil municipal, aucun ne s’est présenté. Il y a dans cette abstention en masse, une mauvaise volonté
SUSPENSION DU PREMIER ADJOINT
En 1863, le premier adjoint pierre-Marie Gautier est suspendu de ses fonctions pour avoir organisé les élections au château de la Motte-Basse et non à la maison d’école, malgré les recommandations du sous préfet et du juge de paix, Mr Ruellan
*08/07/1863-lettre du sous-préfet au préfet
« ...comme Gautier avait promis, sous l’assentiment de ceux qui le dominaient et qui, pour des motifs faciles à comprendre, tenaient à ce que l’élection se fit à la Motte- Basse, le scrutin fut placé à la Motte-Basse au mépris des recommandations et de la parole donnée... »
*26/09/1863-lettre du sous-préfet au préfet
« ...(révocation de l’adjoint Gautier)...cette mesure devait frapper le parti légitimiste plutôt que le sieur Gautier. Celui-ci sans instruction et sans valeur, n’est qu’un instrument aux mains de Mr le Mintier et du curé. C’est Gautier qui agit, mais c’est le château et la presbytère qui dirigent... »