Le premier article est l'interview du généticien britannique Adam Rutherford dans National Geographic. Au milieu de cet article dense, orienté principalement autour de pourquoi nos gènes nous prouvent que nous sommes tous de la même famille, indépendamment des « races », il livre quelques informations intéressantes pour notre propos : "À travers des interprétations fallacieuses, certaines entreprises transforment de véritables données génétiques en ce que j'appelle une « astrologie génétique ». Les résultats que j'ai reçus de l'une de ces entreprises indiquaient que j'avais des risques élevés de développer la maladie d'Alzheimer en raison d'une variante du gène ApoE dans mon ADN. Ce type de résultats pourrait être extrêmement inquiétant pour quelqu'un qui n'en saisit pas les implications. Cela ne m'inquiète pas le moins du monde car je sais que ce risque ne me concerne pas moi spécifiquement. Ces données se rapportent à une proportion de personnes, au sein d'une population, qui possèdent cette caractéristique. Si les gènes peuvent nous en dire beaucoup sur les peuples et sur notre histoire en tant qu'espèce, ils en disent très peu sur les individus. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai écrit ce livre, afin d'aider le public à mieux comprendre la génétique et lui permettre de s'éloigner de cette idée ancrée culturellement qui voudrait que les gènes soient liés au destin. Nous cherchons des réponses simples à des questions complexes. De façon inévitable, les gens se sont tournés vers cette nouvelle science qu'est la génétique afin de chercher des explications à des comportements humains insondables que sont les folies meurtrières. L'idée qu'il y aurait un gène déterministe pour expliquer le comportement de quelqu'un qui s'est rendu dans une école pour abattre 20 enfants, comme l'a fait Adam Lanza, est complètement erronée. Certains de ces problèmes ont une composante héréditaire. Toutefois, la compréhension que nous avons de la génétique de ces comportements ne nous permet pas d'affirmer que ce gène en particulier est à l'origine de ce comportement. Deux personnes peuvent tout à fait avoir des génomes identiques et que l'une d'elle soit schizophrène, mais pas l'autre."

Les réflexions que cela inspire sont que d'une part les résultats de test médicaux doivent être interprétés par des professionnels. L'autre est que les tests sont instrumentalisés, on a vu dans l'épisode précédent que certains conditionnaient leur mariage au résultat négatif concernant une prédisposition Alzheimer de leur futur conjoint. Ici on voit que certains cherchent un "gène du tueur".

Le second article est un article (en anglais) de Dan Robitzski sur Futurism. Il nous montre au travers de cet article que les startups des tests ADN vendent pour la plupart du vent ayant la fiabilité d'un horoscope. Genomelink, GenePlaza, Soccer Genomics, GenoPalate, Vinome prétendent respectivement analyser les conditions médicales et les traits de personnalité, les préférences sexuelles le QI et les risques de dépression, le training personnalisé pour transformer un enfant en jouer de football parfait, le régime idéal ou enfin le vin parfaitement adapté à l'ADN. Deanna Church, une généticienne de la biotech Inscripta qualifie ces tests d'"inutiles, et sans aucun fondement scientifique". Shoumita Dasgupta, une généticienne biomédicale de la Boston University School of Medicine dit de son côté qu'"il est honête de dire que la plupart de ces tests sont inutiles pour le moment. Peut-être que c'est juste cynique mais je pense que c'est juste l'avidité qui conduit ces gens à créer ces outils pour lesquels au mieux, la justification scientifique est limitée. ... Personnellement je trouve irresponsable de commercialiser des produits de ce type."

La pub pour terminer est celle de Mytrueancestry (vous comprendrez vu ce qu'on vient de dire que nous ne vous donnions pas le lien) qui propose de comparer son ADN à des ADN anciens pour déterminer son origine géographique sur des milliers d'années et de quelle civilisation (parmi 250) on provient (sic). Si ce site veut contourner le défaut habituel des tests (cf ce qu'en disait Paul Verdu - chercheur au CNRS et au Muséum national d'histoire naturelle dans l'épisode précédent), il ne se base que sur de très peu nombreux génomes anciens (sous réserve de croire leur pub) et d'autre part encourage la ruée vers l'os dénoncée par Chip Colwell, professeur d’anthropologie à l'université du Colorado dans l'épisode 16