Le loup vient de sortir du bois, et Christophe Becker le COO (on ne dit plus directeur dans les startups) de Généanet vient de publier un article sur le réseau professionnel Linkedin.

Je cite son introduction "Obligés de contourner la loi, en envoyant leurs prélèvements à l’autre bout du monde, ils prennent des risques quant à la sécurité de ces données. La future loi sur la bioéthique est peut-être l’occasion rêvée de montrer la volonté de la France de rentrer une fois pour toutes dans le XXIe siècle !". Comme nous avons tenté de le montrer sur ce blog, ces tests n'ont aucun intérêt généalogique, il s'agit au mieux d'une aide pour les nés sous X mais pour les autres cas, c'est d'un niveau scientifique comparable à l'horoscope. Donc rien de valable n'oblige pour reprendre le terme de Christophe Becker, quand à entrer dans le 21e siècle, c'est plutôt vers l'eugénisme que ce genre de pratique emmène.

Je continue avec une citation du corps du texte "En vertu de l’article 16-11 de notre Code civil, des recherches ADN ne peuvent être autorisées que dans le cadre d’une procédure judiciaire ou à des fins médicales ou de recherche scientifique. Or, cette situation pénalise les amateurs de généalogie français à double titre. Tout d’abord, elle les contraint à se tourner vers des entreprises étrangères pour pratiquer ces tests. Car, ne nous y trompons pas, ce n’est pas parce que c’est interdit que ça ne se fait pas !". Avec ce genre d'argument on justifie n'importe quelle activité illégale, du trafic d'armes à la vente de stupéfiants. Je comprends que les tests ADN seraient d'un grand intérêt économique pour une entreprise telle que Généanet mais passer ce fait sous silence pour ne retenir que l'aspect "il faudrait le faire ici" me semble très hypocrite.

Et de continuer sur "Autre problème : ils n’ont alors aucune garantie quant au stockage des informations ainsi collectées et à l’usage qui pourrait en être fait hors de nos frontières. (...) Dès lors, les sites français spécialisés dans ce domaine et hébergeant des centaines de milliers d’arbres généalogiques pourront aider leurs utilisateurs à aller plus loin dans leurs recherches.". Certes on peut se prévaloir d'une législation plus protectrice a priori dans les usages non prévus des bases de données et on devrait assister à moins de dérives vers la médecine, les assurances, les employeurs ou la police que ce qu'on voit aux USA, mais comment bloquer les utilisations dans un but de discrimination raciale (négative ou même positive) ? Comment assurer la cybersécurité des données ? Même Garry Kasparov s'en inquiète publiquement !


*** Edit du 28/09/18 sur le titre de C.Becker COO au lieu de CEO ***