Quelques réflexions sur ces différentes périodes :

La première révolution a permis la mise en place d'une démocratisation de la généalogie, on est sorti d'un exercice pratiqué par une infime minorité. L'odeur de souffre de la généalogie pendant la deuxième guerre mondiale finissait de se dissiper et on en revenait au jeu de piste et à la sociologie.

La seconde révolution a permis plusieurs choses: au moins une amélioration de l'accès aux données puisqu'il devenait possible de consulter un registre d'un endroit microfilmé dans n'importe quel centre de généalogie LDS et une amélioration également sur les échanges puisqu'une standardisation se faisait jour. C'est également la période à laquelle se sont créé la plupart des logiciels de généalogie. Enfin les relevés sur Minitel ont généré de fortes rentes pour un certain nombre d'associations, ce qui leur ont permis de dépasser le simple dépouillement par des bénévoles et d'investir dans des locaux, des embauches pour tenir des permanences, voire faire du dépouillement, nous y reviendrons dans la 5e révolution.

La troisième révolution a permis l'émergence de nouveaux acteurs, aussi bien dans le monde associatif comme FranceGenWeb ou Geneabank, que dans le registre commercial avec Geneanet. L'entraide a également explosé a cette époque par les forums comme fr.rec.genealogie ou par les premières listes yahoo. Une idée de gratuité associée à celle d'accès aux sites internet s'est alors répandue.

La quatrième révolution a vu les conseils généraux de chaque département prendre d'abord la mesure de la nécessité d'avoir un site en ligne présentant leurs fonds d'archives puis au fur et à mesure, avec en tout premier le conservateur Joël Surcouf pour les AD de la Mayenne la mise en place de sites d'archives numérisées. On a assisté à quelques péripéties de conseils généraux ayant voulu passer par le payant puis revenant dans le gratuit. Nous vous en avons également informé régulièrement.

Alors qu'est-ce que cette cinquième révolution ? Tout d'abord depuis quelques mois nous avons l'émergence d'une nouvelle offre, nous vous en avons déjà parlé, qui met les archives du 19e siècle à portée de clic par son indexation quasi intégrale. A cela Geneanet a répliqué en offrant un accès à ses abonnés à de nombreux relevés. La compétition entre ces deux acteurs est repartie et comme le souligne Jimbo sur son blog d'Arverne et d'Armorique, cela pose des problèmes jusque dans les associations qui ne peuvent plus maintenir leurs emplois. Il est à remarquer que dans d'autres secteurs, acteurs commerciaux et associations se sont retrouvés en concurrence, cela a rarement bien fini pour les associations (qui se trouvaient dans une position de concurrence déloyale par rapport aux entreprises). Le secteur associatif a-t-il vocation a être employeur? C'est une question ouverte que personne n'a tranché, en tous cas tant qu'il n'y a pas d'entreprises pour s'installer sur le créneau. Et alors qui concurrence qui ? Encore une question ouverte.

Conséquence ou pas, il nous faut constater avec Alexis Moidon, sur le blog de Naoned que la fréquentation des archives est en baisse en 2016 malgré une offre toujours plus grande du nombre de pages disponibles. Les internautes seraient-ils devenus fainéants pour faire leur généalogie, préfèreraient-ils les index (de F ou de G) à la réalité des images originales dans leur site d'origine ?

Mais ce qui se profile devant nous va peut-être encore plus loin. Comme le souligne Alex Bogle sur son blog (c'est en anglais) "a global family tree is not too far in the future" (un arbre global c'est n'est pas très loin dans le futur), ce qui nous ramène dans l'idée d'arbre universel déjà évoqué ici plusieurs fois, l'exemple américain s'appelant Wikitree. L'autre point de vue annoncé dans cet article est le mariage avec la génétique, souvent évoqué ici également avec des pincettes.

Faut-il avoir peut de cette nouvelle révolution ? Je ne le pense pas mais elle va changer les choses, transformer l'internaute en presse bouton, lui faisant oublier le jeu de piste. Mais toutes les sources ne peuvent pas être numérisées donc l'aspect sociologique et complément dans les archives judiciaires ou de payement des taxes & impôts va rester. Des acteurs vont disparaitre, d'autre se transformeront et de nouveaux surgiront comme à chaque révolution, mais je ne crois pas qu'il faille laisser tomber Internet dans la généalogie, comme le suggérait le titre provocateur de la généalogiste professionnelle Amy Johnson Crow sur son blog (en anglais)

Et vous qu'en pensez-vous ?