On peut trouver depuis quelques jours (le 27 août dernier) une nouvelle étude comparative des bibliothèques virtuelles sur le blog de Michaël (dit Miklos). Son analyse est complétée d'un tableau comparatif au format pdf.
Dans cette étude un peu plus resserrée (4 bibliothèques étudiées) que celle d'Inma Abbet (12 bibliothèques), on peut voir l'avance technologique de Google, quoi que Gallica n'ait pas à rougir au niveau technique. La petite dernière Européana fait aussi parti du panel étudié, alors qu'elle ne l'était pas (car pas encore créée) dans celui d'Inma Abbet. L'article met aussi en évidence un des effets négatifs du monopole Google sur l'indexation, garder l'internaute captif du moteur Google. les contenus des livres de Google Books sont indexés dans le moteur de recherche de Google – mais pas ailleurs… Ceci a pour conséquence de « forcer » l’internaute qui recherche des ouvrages à aller interroger soit le moteur Google, soit Google Books.
une réaction
1 De Guy Tembert - 04/09/2009, 20:21
La polémique actuelle à propos d’une possible collaboration entre notre Bibliothèque Nationale et Google pour la numérisation de ses livres est assez discrète sur les problématiques des projets français et européens dans ce domaine, et ce n’est pas cette collaboration qui les réglera, bien au contraire.
Comme on peut l’apercevoir dans quelques commentaires acides de lecteurs à propos d’articles de la presse en ligne, le projet Gallica de la BN et le projet européen Europeana (qui ne contiennent ni l’une ni l’autre pas que des livres, mais on s’arrêtera ici à cet aspect) ne brillent pas par la qualité de la numérisation de leurs contenus ni par leurs accessibilité ; rien qu’à la date du 1.09, en réaction à l’article d’Alain Beuve Méry dans Le Monde (M. Mitterrand freine les ardeurs de la BNF dans ses négociations avec Google), on peut lire :
· « Si Frédéric avait essayé Gallica, il aurait déjà dit oui à Google ! » (« SOLAL »).
· « Malheureusement, et je viens à l'instant d'en renouveler l'expérience ("service indisponible"), Gallica non seulement est compliqué mais fonctionne très mal. » (« Jean G. »).
· « Si la grande peur de Google peut rendre utilisable le très calamiteux Gallica (que Google ne peut pas indexer, c'est aussi impénétrable aux robots qu'aux usagers), ce sera bénédiction. Une bonne partie de ce qui a été numérisé à la BNF est inaccessible en ligne, tellement le logiciel Gallica fonctionne mal. Et quand ça marche, il faut être bibliothécaire pour trouver ce qu'on veut (heureusement, je l'ai été). » (« ebolavir »).
· « rigolons rigolons, et visitons europeana.eu :D l initiative européenne... non vraiment, ils sont bien chez google. » (« Profane »).
Qu’Europeana ressemble par divers aspects à Gallica n’est pas très surprenant : une grande partie (la majeure partie ?) de ses contenus numérisés provient de France (ce qui peut amener à se poser des questions sur la dimension réellement européenne de ce projet), mais aussi une partie de son équipe de développement provient de la BN... Ce qui est étonnant c’est que cette dernière n’ait pu produire non pas du volume mais de la qualité depuis le lancement de Gallica il y a maintenant plus de dix ans.
Sur le plan purement managérial, la principale différence entre le projet de Google et celui d’Europeana saute rapidement à l’œil de tout observateur intéressé par le domaine des nouvelles technologies : le premier est un projet unique à long terme auquel ont sans nul doute été consacrées des ressources humaines dans divers domaines (du scientifique via le technique jusqu’au juridique) et technologiques conséquences. Du côté d’Europeana, c’est un ensemble de projets distincts, limités dans le temps et fédérant chacun tant bien que mal une multiplicité de partenaires (c’est la louable intention de la construction européenne) de niveaux de compétence et de moyens et de priorité très différents. Un esprit mal tourné évoquerait ces autobus surchargés de gens et de paquets que l’on voit avancer cahotant sur des pistes caillouteuses.
La numérisation coûte cher, mais aussi sa mise en ligne, ce dont on parle moins. Si Google décroche le chantier BN, il fera tout : il numérisera on ne sait encore combien de milliers ou de millions d’ouvrages, il les mettra dans son Google Books si attrayant et si facile à utiliser (voir le commentaire de SOLAL). Ces livres seront indexés dans le moteur de recherche Google (comme vous le signalez), et uniquement dans son moteur. Et même si la BN les rajoute à Gallica, non seulement cela ne fera pas évoluer, en soi, la qualité des accès à Gallica (tout au plus ça dégagera des moyens pour le faire dans l’hypothèse où elle en serait capable), mais ne les rendra pas plus visibles sur la toile. Comment Europeana pourrait alors espérer, à contenus identiques, attirer vers elle une partie du lectorat de Google ?
Le roi est nu, il doit choisir soit de s’habiller Google, soit de mettre un cache sexe rapiécé. Quel choix cornélien pour un pays si fier de sa haute couture… Si au moins il se donnait vraiment les moyens…